Odes à Clio : l'histoire de France en 200 vers

Jalonnée de succès, de passions et conflits, notre belle nation, en ses vertes années, tout en moi a nourri l’envie de vous conter humblement jusqu’ici ce que j’en ai appris…

Aux origines...


Avant même que fût Jésus de Nazareth de Marie enfant-roi à sa crucifixion, un noble chef gaulois, déjà, se mit en quête de peuples asservis obtenir une union.

Le plus grand dictateur que la Rome ait connu, bien avant qu’aujourd’hui le rang en soit honni, vint âprement défaire l’Arverne et ses amis, on le sait à présent, pour le bien des vaincus.

Comme tout grand empire aux frontières barbares dont l’aura s’étiole, face aux Huns, face aux Francs, ce prestige romain en nos terres va choir devant chrétienne foi, son ultime assaillant.

Les Médiévales...


Premier de nos aïeux à avoir pris leçon du pouvoir éternel de telle religion, le voici couronné, baptisé, consacré : Clovis s’est élevé et nous voilà français !


De force et de grandeur fit montre aussi Martel qui des Carolingiens fut solide tutelle, repoussant de l’épée les nuées sarrasines parsemant le domaine de furies intestines.


De dynastie sacrée la couronne dorée ceint ainsi l’Empereur à la barbe fleurie ; cette Europe soudée dont il fut le nabi, lasse, déclinera de vile postérité.


En nos siècles suivants, l’Auguste promoteur d’un royaume bastion à l’image du Louvre sera d’un malheureux Cœur de Lion le dompteur, que le peuple, devant lys de Bouvines, approuve.


Par le sang de son sang s’éveillera Saint-Louis, homme lige de Dieu dès la Blanche régence, mais l’altruiste nature que légendes asphyxient, se perdra en coûteuses croisades à outrance.


À dessein politique, le nouveau héros offrit à tout mérite d’égaler naissance ; ainsi trouvant appui en États Généraux, Philippe le Maudit y spolia quintessence.

Le temporel occultant le spirituel, brûlent les Templiers, la milice papale. Œuvrant en parfait politicien médiéval, les biens de feus vassaux seront butin du Bel.

Valois et Bourbons…


Eu égard au Normand qui seul en prit la tête, nulle âme ne parvint en territoire anglais ; notre fiel mutuel né d’esprit de conquêtes en guerre de Cent Ans s’en vit dégénérer.


Séraphique pucelle au charisme divin menant hommes en troupeaux piétinant l’occupant, à l’écoute des cieux, douce Jeanne est aux siens ce que fut Geneviève en Lutèce d’antan.

Son aveugle dessein de rosser le Saxon l’enjoignit à hisser sur le trône un coquin : la jetant en pâture à l’évêque porcin, icel la mit aux flammes, en fit cendres et tisons.


Vainqueur à Marignan, bâtisseur à Chambord, François, premier du nom, figurant Renaissance se para des artistes, leur offrant résidence et obtint de ceux-ci un culturel essor.

Deux titans ne pouvant gouverner de concert, le monarque mécène cède au conquérant, laissant à Charles Quint, outre succès probants, l’attrayant Nouveau Monde des siens découvert.


Puisqu’il n’est de saison vouée à l’harmonie, celle-ci connaîtra son lot d’ignominies : par Luther et consorts autrefois chahutée, l’Église ne s’émut d’ouailles massacrées.


Rescapé, abjurant ses innées convictions, le bon roi navarrais satisfit les factions, mais d’un Édit nantais qui se voulait arbitre, il se vit remercié en perdant vie et titre.

Officiant en régent d’un feutré souverain, l’intelligent prélat en La Rochelle craint, autocrate intendant en sa pourpre royale, renvoya, dos-à-dos, obédiences rivales.


Commence alors pour tous un règne d’opulence : chérubin mis à mal par noble convoitise, l’aplomb du jeune roi scandera sa méfiance à l’égard de Princes courtisant son emprise.

Genèse de ce temps porté au changement où nul onc n’opposa aux serviles courbettes, ni de corps  ni d’esprit, de sensible argument, la vitrine Versailles à l’agonie s’apprête.

Révolutions...


Par jeu de Lumières sur la plèbe illettrée, despotisme éclairé plutôt que Roi-Soleil, telle est vierge marotte en laquelle s’éveille, poudré, bien établi, le philosophe aisé.


Prémices de révolte en âpre société, le tumulte des rues fit écho aux idées et pour Salut Public Robespierre jugea, décapita Capet… puis à son tour chuta.


De cette ère de troubles nos couleurs sont nées qui bientôt claqueront comme voile en tempête, présent paradoxal du commis La Fayette, héros américain plus qu’il n’est des Français.

Mais jeune République du monde bannie ne peut trouver repos qu’après guerres finies : l’Europe mercenaire de perfide Albion ainsi s’inclinera devant… Napoléon.


Aux combats, quels qu’ils soient, mûrit son ambition, exemplaire attribut de par les faits acquis : seule la France aujourd’hui, dans un constant souci d’auto-flagellation, l’en blâme sans raison.

Même Paris, depuis, oubliant son mérite, refuse polémiques ou débats d’opinion ; honte à nos congénères niant qu’ils en héritent, car nul endroit présent n’en portera le nom.


Le courage en ces temps n’est plus vertu des rois et le nôtre cavale au timbre du canon, se réfugiant à Gand où l’on se sent chez soi, flanqué de ces ultras qui flattent les Bourbons.


La fessée en retour n’en sera que plus sèche, car les jeunes valeurs versées aux quatre vents des mains du diable corse seront aux masses mèche embrasant monarchique credo pour longtemps.


Le Tiers émancipé se risque alors au front, réclamant libertés, triplant révolution pour marier encore Empire et République, faisant le jeu latent d’ambitions politiques.

L’essor politique…

Loin des trames bourgeoises au profit acharnées, loin du bouillant succès de nos sciences sur Dieu, notre réel progrès fut vœu de charité. Gloire à toi, Ozanam, gloire au plus haut des cieux !


D’autant vont émerger les chantres du social : opposant toutes classes en éternelle lutte, ils maudiront avoirs, en espérant la chute, méprisant les ferments qui leur sont piédestal.

Misère et injustice sont leur fonds de commerce, de là leur intérêt propre à les sustenter, mais ces chers phalanstères dont les rêves les bercent mèneront au Goulag un peuple décimé.


L’anarchie voue alors à l’Empire ses maux, comme les deux Victor mis en bières voisines, l’un dévot de Brumaire, l’autre de Dessalines, qui verront en Sedan le « petit » Waterloo.


Tels de féroces loups, de rage les victimes, convaincus de leurs droits, de leur manque d’estime, l’utopie va gagner les furieux Communards, preuve en est qu’en la tourbe… l’audace peut être phare.


Déjà entrebâillées, les portes de l’École se verront éventrées par un certain Ferry qui, par même béguin pour la pédagogie, soumettra l’Africain aux lois de Métropole.

Le « vingtième »…


À la croisée des siècles, émaillés de rancœurs, l’hémicycle s’octroie du pouvoir toute trace, au profit d’un Jaurès, de quelques beaux parleurs, auxquels l’ample faconde assène coups de grâce.


Soit affaire Dreyfus en qui l’on vit Judas, soit laïcité que revendique l’État, tout parti disputé revêtit verbiage qui sera désormais tricolore apanage.


D’une plaie en Bosnie le sang va s’écouler jusque dans nos tranchées, par le Tigre comblées ; le talion bat son plein, Rethondes attend sa belle, mais la vie, écœurée, s’accorde bagatelles.

Quel truculent contraste entre deux ennemis : France devint cigale et Allemagne fourmi. Folle victime d’un pacifisme outrancier, La première en seconde ne vit les guerriers.


Dans un ultime élan de fierté surannée, abusant la candeur du suffisant Français, l’État met à sa proue un lénifiant patron : faute de s’imposer, courtisons le Teuton !

L’élu sera Pétain, vieille gloire d’antan, de l’issue de Verdun principal artisan, mais repu de combats, sursitaire au trépas, le vieil homme choisit de n’agir en soldat.


L’en blâmer aujourd’hui est trait d’hypocrisie : la gageure léguée par esprits non-violents était de gouverner en dépit d’occupants, un peuple désarmé, hostile à tout conflit.

Il est certes plus brave et beaucoup plus habile, depuis Londres ou Alger, tel de Gaulle, tel Giraud, de prôner résistance et ardeur en exil, d’y séduire Moulin, Brossolette ou Malraux.


Que vivre en Hexagone affranchi de tout camp fut luxe non exempt de bassesses humaines ! Qu’il nous est bien aisé d’y porter jugement, notre âme n’y ayant enduré tant de haine !

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En l’absence du brun, le rouge est au zénith : s’adjugeant de tout progrès social un mérite, la classe bien-pensante exerce son charisme, faisant là preuve d’un cérébral onanisme.

S’engageant outre-mer en quelque compromis, Grand Charles fut Pilate aux yeux de nos Harkis, tandis que leurs bourreaux, en « porteurs de valises » aux vertus affectées, trouveront entremise.

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Le strabique écrivain en est le souverain ; ce mandarin paré d’absolue vérité, nonobstant ses aïeux, vomira son venin à la truffe nantie plus que tout abhorrée.

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Se laissant investir un certain mois de mai, la jeunesse rentière, éprise d’idéaux, privée de tous malheurs, en réclamant son lot, du haut de son confort va scander mélopées.

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De laïques dictées au voile révéré, du colon tutélaire au mal impérialiste, tout parait cartésien aux yeux du progressiste attentif à singer la verve des aînés.

Du moindre paradoxe il se fait conviction. Une pensée contraire ? Honnie, l’intolérance ! Ne reniant nullement ses funestes cautions, nous récoltons les fruits d’insalubres semences.

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De luttes en acquis, de la base au sommet, cet héritage échoit au peuple souverain. Ni bannière étoilée, ni charia dévoyée ne peut s’enorgueillir d’un si fécond chemin.